La Vie à la ferme d'hier à aujourd'hui: René Ferec

Je suis né en décembre 1944, à Briec dans la ferme familiale de parents paysans. Au lycée le Nivot à Lopérec j’ai obtenu un diplôme d’études agricoles du second degré. J’ai ensuite été aide-familial sur l’exploitation de mes parents, que j’ai reprise en 1970. Je me suis installé en GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) avec une orientation vers la production laitière. Après 10 années, nous avons mis un terme à ce groupement, mais j’ai poursuivi l’exploitation laitière tout en diminuant le nombre de vaches. J’avais une prise de conscience et l’envie de tendre vers une exploitation plus économe et autonome. Ainsi j’ai reconverti mon troupeau en vaches normandes, avec une partie de la diminution de la production laitière récupérée par la vente de la viande. Je me suis tourné vers un système de plus en plus fourrager avec de l’herbe. Avec d’autres agriculteurs, nous constations que les prix de vente nous étaient imposés. Il existait une organisation générale sur laquelle nous n’avions pas de prise. C’est pourquoi il y a eu une véritable rupture au niveau syndical, une partie de la paysannerie a voulu s’unir pour créer un rapport de force. J’ai ainsi adhéré au syndicat des Paysans travailleurs, créé à ce moment-là. Le collectif est une valeur que je porte, nous avons créé l’Association pour la Promotion de l’Installation et du Métier d’Agriculteur (APIMA) avec pour ambition de donner du sens à notre métier et permettre d’en vivre dignement. J’étais convaincu que notre union pouvait aider des jeunes à reprendre des exploitations et s’installer. Ma vie personnelle et familiale était très importante, chaque année nous partions en vacances, un peu au détriment du renouvellement du matériel de l’exploitation. Je pense qu’aujourd’hui on collabore davantage avec la nature, quand avant les sols n’étaient qu’un support. Il est nécessaire de re territorialiser la production et lier la production à la consommation. La souveraineté alimentaire est aussi essentielle, tout en respectant celle des autres pays. Il est aujourd’hui nécessaire de changer notre perspective et de redonner du sens au métier d’agriculteur. Individuellement, pour que chaque paysan retrouve un épanouissement personnel, puis collectivement, en replaçant notre travail dans le respect de l’environnement et du climat. L’agriculteur doit retrouver sa place à la fois dans son milieu, dans la commune et dans la société. Le terme qui me parle beaucoup c’est l’agro écologie, qu’il faut lier avec la souveraineté alimentaire. C’est une nouvelle façon de penser : collaborer avec la nature, la respecter et respecter le consommateur.

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