La Vie à la ferme d'hier à aujourd'hui: Yves et Marie-Louise Rospars

Je suis né en 1939 à Gueffran. Mes parents me destinaient aux études, j’avais la tête bien faite, je devais faire une école d’ingénieurs à Paris. Mais mon père est décédé quand j’avais 18 ans, je suis retourné à la ferme sans avoir fait d’études agricoles. Dans un premier temps, j’ai été aide-familial puis j’ai fait mon service militaire en Algérie. Pendant mes 28 mois de service, c’est ma mère qui s’est occupée de la ferme. L’exploitation faisait 25 hectares avec une vingtaine de vaches, des cochons et des pommes de terre sélection. Nous avons lancé une production de moutons en 1968 pour faciliter les tâches de ma femme Marie-Louise. C’était une vraie rupture avec la tradition paysanne, nous étions les premiers à nous lancer. L’alimentation de troupeau était faite par la méthode de l’ensilage. Avec le foin, on laissait une grande partie de matière azotée au champ. Avec l’ensilage, on ramassait plus tôt et on réalisait plusieurs coupes. Avec 12 fermes, un regroupement s’est formé en Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) et on s’entraidait par groupe de 4 pour le foin. Dans les années 70, la culture du maïs a progressé et présentait l’avantage de supprimer la corvée de betteraves. La vente des agneaux était notre principale source de revenus, nous l’écoulions auprès de la communauté musulmane de Quimper que Marie-Louise connaissait bien. Même au niveau local, les gens ont commencé à manger du mouton. Les évolutions et enjeux internationaux nous touchaient directement. Par exemple, nous revendions notre laine jusqu’au Japon, avant l’arrivée du synthétique qui a fait chuter son prix. Même conséquence pour le prix du mouton suite au sabotage du navire Rainbow Warrior en 1985 Afin d’apaiser un conflit avec la Nouvelle-Zélande, l’Etat français a autorisé l’importation des moutons néo-zélandais, ce qui nous faisait directement concurrence. Pour être agriculteur aujourd’hui, il faut être lucide et courageux.

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