Au GAEC des 3 Trèfles à Garzabouder Névez,
travaillent :
Stéphane LE FOLL né
le 20 mars 1984
Hélène BIGOT, née le 19 avril 1986
Guillaume BIGOT, né le 13 août 1988
Aux 3 trèfles, le
travail à la ferme est un choix pour les trois.
Je suis un immigré dit Guillaume, je suis mayennais. Mes
parents étaient agriculteurs ainsi que mes grands-parents, en production
laitière.
Après l’école primaire et le
collège, j’ai obtenu un Bac pro et un BTS agricole à Rochefeuille en Mayenne.
BTS à spécialité gestion économique, analyse et conduite des systèmes
d’exploitation.
Je suis l’aîné de trois enfants.
Mon frère est en entreprise agricole et ma sœur est pâtissière.
La ferme a été reprise par deux
jeunes (hors famille) en accord avec tous.
Hélène : Je suis née à Garzabouder, fille et petite fille
d’agriculteur. J’ai suivi une scolarité à Briec, puis au Lycée du Nivot. Je ne
me voyais pas travailler dans un bureau. Avec Stéphane, on a grandi à la ferme
et participé à la vie ici. Après un Bac STAE, j’ai obtenu un BTS production
animale et suivi ensuite une Licence pro en IUT à Morlaix.
Stéphane. J’ai suivi une scolarité à Briec, à Sainte Anne, Saint
Pierre puis au Nivot. Je ne me suis pas trop posé la question de faire autre
chose qu’agriculteur. A 12 ans, on trayait les vaches tous seuls. Il y a eu
tout de suite un attachement à la ferme.
Je me suis installé en 2011, j’ai
repris la ferme telle qu’elle était : 69 ha et 50 vaches laitières et des
taurillons, une production de céréales pour la paille et du maïs ensilage pour
nourrir les vaches.
Au cours d’une saison « à la
paille » dans le Calvados,
Guillaume rencontre deux finistériens : un quimpérois et un
briécois que je suis revenu voir à Quimper. Nous allons au Kelly et là, je
rencontre Hélène et en 2011 nous sommes fiancés, puis nous nous
marions. Hélène a fait des remplacements et nous avions toujours le
souhait de nous installer, « surtout pas en GAEC et pas en Bretagne et
voilà où on en est aujourd’hui ! »
Après des échecs d’installation
en Mayenne, l’opportunité de s’installer ici s’est présentée parce qu’on
pouvait récupérer 40 ha qui touchaient l’exploitation.
On a donc créé le GAEC à trois en
2017.
Le projet était d’avoir un
système herbager autonome et la production valorisée par le bio, mes parents
travaillaient déjà en bio depuis 1996. Cette conviction était aussi partagée
par Hélène et Stéphane, si on n’était pas en bio, on ne changerait pas le
système.
La complexité du bio, c’est que
c’est un peu plus saisonnalisé, avec un peu plus de lait au Printemps qui n’est
pas forcément valorisé. En fait, au Printemps comme on est plus bas, on va
arriver au niveau du conventionnel, mais à l’automne on va être 100 € de plus
que le conventionnel. Le conventionnel a un prix plus régulier. Il faut qu’on
s’attache à regarder notre moyenne annuelle.
La variété des trèfles assure la
qualité du lait. Le trèfle est une plante quasiment autonome qui vit avec
l’azote de l’air et une vache qui mange du trèfle n’a pas besoin de soja, pas
besoin de colza.
Notre production est à 95 % pour
le lait et après c’est un peu de céréales pour la consommation humaine, la
meunerie.
Suivant les années, c’est du blé
noir, du seigle et cette année c’est du blé ancien.
Si on a des surfaces disponibles,
on demande au meunier ce qu’il veut qu’on mette.
C’est un meunier bio qui utilise
600 t par an et on récupère le son.
On a aussi quelques ha de maïs
grain qui sert de nourriture pour les petits veaux.
Les parcelles d’herbe restent en
place cinq ou six ans et quand elles sont moins productives, on les travaille
pour mettre une céréale (maïs).
Nous avons 90 vaches pour une
production d’environ 500 000 l. par an.
Notre salle de traite a 16 postes
avec décrochage automatique et un enregistrement informatique pour la
production de chaque vache.
La modernisation ça été de passer
d’une traite à 4 places à 16 postes avec le décrochage automatique. C’est un
gain de temps et de manipulation. La traite dure une heure à deux personnes.
Les vaches sont en logettes et le
fumier est raclé tous les jours.
Pour l’alimentation, c’est après
la traite. On a la particularité d’avoir un séchoir en grange qui finit le
séchage de l’herbe après qu’il ait été 48h à l’extérieur, ce qui a pour
conséquence de garder un maximum de valeur à la plante et c’est très appétant
pour les vaches et ça supprime les problèmes du climat aléatoire ici. La
griffe accrochée au plafond nous permet de récupérer le foin dans les cellules
pour le donner directement aux vaches, ce qui évite l’intervention d’un
tracteur.
Quant à l’installation on a tout
refait. Tout est sous le même toit, la salle de traite, l’étable, la réserve de
foin.
Toutes ces techniques ont nécessité
des formations, des groupes d’échanges avec les agriculteurs, chacun partage
son expérience et on évite de faire les mêmes erreurs.
C’est surtout l’expérience du
terrain. IL n’y a pas de formation descendante, c’est toujours des échanges.
C’est l’expérience qui alimente en fait le groupe.
La production de lait va à la
coopérative SODIAAL qui en fait de l’emmental bio et la crème va faire du
beurre bio vendu sous la marque « C’est qui le patron ».
Il y a 700 exploitations qui
produisent pour Sodiaal, production traitée dans diverses usines, chacune a son
produit spécifique.
La répartition des tâches.
Hélène : je m’occupe de la traite le matin avec Stéphane. Les
enfants, nous en avons quatre, c’est Guillaume qui s’en occupe le matin, qui
les amène à l’école et je les récupère le soir avant que ne commence la traite
du soir à 17h.
Après la traite du matin et le
nettoyage, nous nourrissons les veaux et les génisses ; les vaches
sortent, ou pas (selon la météo).
Guillaume se charge des
inséminations, des échographies pour la partie reproduction.
Il y a un renouvellement du quart
des vaches chaque année et les veaux mâles sont vendus. Une vache se fatigue,
pas par son âge, mais par le nombre de vêlages. On a espacé les vêlages et la
vache est restée un an de plus, elle a fait une lactation de plus et de qualité
supérieure. C’est un choix, mais on est à l’encontre de tout ce qu’on nous
inculque.
On a une partie des vaches en
croisés et une partie en laitière. En laitière on essaie d’améliorer la
génétique et de rentrer dans nos frais avec les veaux de race à viande.
Que pensez-vous des manifestations ?
Elles peuvent durer, ça dépendra
des réponses. Il faut des réponses, mais j’espère que ce ne sera pas que des
chèques. Le carnet de chèques n’a jamais résolu un problème. Pourquoi les GMS
ne paient pas le prix ? Certains jouent le jeu, mais pas tous. Il y en a
toujours un pour presser le citron plus que les autres, pour avoir le
consommateur chez lui.
Quand un agriculteur livre son artichaut 0,80
€ et qu‘il le retrouve en rayon à 1,40 €, il peut se poser des questions.
C’est un peu moins vrai dans le
bio.
Le fonctionnement du GAEC.
Il y a égalité dans le
fonctionnement et égalité dans le salaire (principe du GAEC, qui rémunère).
Les travaux des champs sont répartis
entre Stéphane et Guillaume : culture, récolte du foin. Les moissons sont faites par l’Entreprise, ce
qui permet de limiter l’investissement en matériel et de travailler en
autonomie.
Guillaume regrette un peu l’absence d’entraide « si je fais un
retour en arrière, chez mes parents, à la ferme de mes oncles, ils avaient tout
le matériel ensemble, c’était toujours les uns chez les autres, à discuter, à
boire un café, à travailler dans les champs comme ça.».
Quand nous étions à l’école, la
majorité avait au moins un parent ou un grand parent agriculteur. Aujourd’hui,
par exemple lors de la visite des écoliers, seul un enfant avait un parent dans
l’agriculture.
Loisirs
A trois nous pouvons nous
accorder quelques temps libres. Quand nous partons quelques jours en Mayenne
voir la famille et les amis, Stéphane prend le relais aidé de sa mère.
Stéphane : je pratique le vélo en solo et en groupe avec le cyclo-club. J’ai fait la « sortie montagne » une année. A trois, on arrive à faire tourner la ferme sans faire appel au service de remplacement.
Nous n’utilisons plus l’eau du
puits, nous fonctionnons avec l’eau de la ville pour des raisons d’hygiène (en
moyenne 6 m3 par jour). Nous utilisons de l’eau de pluie pour le lavage de la
salle de traite.
L’avenir
Guillaume : Notre engagement est coopératif. Je suis référent
bio pour la région donc, je suis dans la commission bio-nationale, pour
travailler sur le bio, pour faire des propositions au C.A. On est un groupe
d’agriculteurs bio délégués par le C.A.
Si on peut parler globalement, la
plupart des revendications actuelles aujourd’hui : de papiers, de normes
et tout ça, on est un peu né avec.
Nous travaillons avec
l’informatique, mais il y a un expert-comptable.
Avec les normes bio, nous ne
sommes pas concernés par les pesticides.
Les prairies permanentes peuvent
devenir un problème au regard des nouvelles règles.
Si on avait envie d’avoir un peu
moins de vaches demain, faire un peu plus de céréales pour être autonome quant
à la paille, ça peut être problématique.
On a maintenu les haies, les
bovins ont besoin d’ombre l’été. Les étés sont de plus en plus compliqués.
L’agriculture raisonnée ?
Quelqu’un qui ne raisonne pas aujourd’hui ne peut pas être agriculteur.
L’opposition entre le
conventionnel et le bio : c’est au consommateur de choisir, mais il a
souvent mis ses priorités ailleurs. Nous n’avons pas de télé à 4 000 €, mais
nous mangeons bio.
Les agriculteurs se doivent
d’expliquer leur travail.
Après la guerre, ils ont été
incités à produire, produire, produire. Et puis est venu le temps de là
réflexion pour demain.
J’aimerais expliquer pourquoi on
épand du fumier ou du lisier dans les champs, pourquoi on fait quelque fois la
moisson le dimanche.
Il faut aller dans les
classes; quand un enfant donne "Chocapic" comme premier nom de céréales, il
faut remettre les choses en place.
Il faut de la production de
masse, mais aussi de la production vertueuse.
Il faut bien manger (la qualité
doit être là), mais je ne sais pas si tout le monde est conscient de ce qu’ils
veulent.
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