Sylvain Balaven - Quillianou

 


Je suis né le 27 janvier 1986 à Quimper. Marié avec Marie, nous avons deux enfants de 11 et 9 ans.

J’ai grandi à Edern où habitent toujours mes parents.

Ils n’étaient pas agriculteurs. Mon père était mécanicien à Edern et ma mère travaillait à la lingerie de l’IME à Briec. J’ai un frère et une sœur et je suis le plus jeune de la fratrie.

Je suis allé à l’école primaire à Edern, puis au collège St Pierre à Briec. Ensuite j’ai poursuivi au Likes à Quimper où j’ai obtenu un bac général. Je me suis alors orienté vers le machinisme agricole. C’est en Loire Atlantique que j’ai passé un BTS et dans le Pas De Calais une licence pro en agro équipement. J’acquière de l’expérience dans la vente des machines agricoles, puis je deviens formateur technico-commercial et m’occupe de démonstrations  et de promotion des ventes pour un constructeur. Basé à Fresnes, je suis détaché à Evreux où en 2011 nous emménageons avec Marie qui a quitté son poste d’infirmière à Lorient pour m’y rejoindre. Nos deux enfants y naîtront. En 2015, réfléchissant déjà à un changement de carrière, nous déménageons à Trégourez. Envie de revenir chez nous, d’avoir une vie familiale qui ne soit plus perturbée par les déplacements et pour moi, besoin de quitter une grosse société, avec des collègues souvent carriéristes, pour revenir à quelque chose de plus sain et d’être mon propre patron. C’est en 2018 que nous nous installons à Quillianou.

Bien qu’ayant toujours baigné dans le milieu agricole, je n’avais jamais envisagé de devenir agriculteur.

Ne souhaitant pas faire d’élevage, je suis parti pratiquement de zéro. Je cultive principalement des céréales dont du blé, de l’orge, de l’avoine, de l’épeautre, du blé noir, des féveroles… mais aussi des petits pois de conserve. Toutes mes productions sont en BIO. Je stocke et revends moi-même pratiquement toutes mes cultures. Le plus souvent en circuit court à des éleveurs alentours ou en meunerie sur Ergué Gabéric, en malterie sur Scaer… Il n’y a que pour les petits pois que j’ai un contrat avec la coopérative. Les dates de semis et de récolte sont gérées par la coopérative. C’est intéressant d’avoir cette culture un peu différente, surtout en BIO, mais cette façon de travailler est, pour moi, un peu moins intéressante.

Pour casser la rotation de céréales et respecter le repos de la terre, je sème des prairies temporaires pour 3 ou 4 ans. Ça permet de aussi de gérer différemment les adventices.

Gérer son temps libre est compliqué. Il y a des jours ou des semaines ou c’est plus calme mais je ne peux pas savoir quand. Par exemple cette semaine il fait mauvais, on est fin janvier, ce n’est pas encore le moment d’aller dans les champs. Il faut donc jongler avec la météo, les périodes plus calmes et tenir compte des vacances scolaires. Nous partons en vacances tout début juillet avant les récoltes. Normalement la moisson a lieu en août mais une période de canicule ou une maladie sur une culture et tout est décalé. La météo est le facteur qui impacte le plus l’emploi du temps. Et malheureusement  il est très difficile d’avoir des prévisions exactes. Le but étant d’être autonome, je réalise seul quasiment tous les travaux.

Pour certains matériels, je suis adhérent à la CUMA de Briec. Et pour certains travaux très spécifiques ou si des travaux doivent être faits rapidement par rapport à la météo, je fais exceptionnellement appel à l’entreprise. Cela me permet de faire un autre travail pendant ce temps.

J’utilise des engins qui ne sont pas équipés en informatique. Pour le suivi des opérations il existe des logiciels, mais j’ai préféré le faire moi-même en rentrant les données sur mon ordinateur. Il faut toujours, et sur tout, rendre des comptes à l’administration. Les fiches que je fais permettent d’avoir un repère sur les travaux effectués, la période, le rendement, les conditions. J’y mets les détails.

J’ai environ 80ha de terres labourables, un peu de prairies et cela est suffisant. Les champs sont éparpillés, ça ne facilite pas le travail.

Les relations avec le voisinage peuvent, parfois, être problématiques. Des riverains sont gênés par le bruit ou les odeurs. J’essaie bien sûr de faire attention à tout ça mais des fois il n’y a pas le choix. D’un autre côté, je me rends compte de l’augmentation des incivilités de certaines personnes notamment  avec les déchets jetés dans les champs près des routes passantes.

Je ne suis pas engagé au niveau municipal, cela ne m’attire pas. Mais je participe à la vie de la commune en allant aux spectacles et aux différentes manifestations locales.

Je ne suis pas non plus engagé syndicalement, mais je suis tout de même adhérent à la Confédération Paysanne.

Lorsque l’on veut devenir agriculteur, il faut être lucide et ne pas voir que le bon côté des choses, la vie à la campagne, le cadre de vie. Et également savoir travailler le plus possible  en autonomie.

Avant, quand on s’installait en agriculture, c’était pour avoir une liberté d’actions. Petit à petit, dans bien des cas, les techniciens, les coopératives, les groupements s’imposent. Je préfère être indépendant et travailler comme je le souhaite, dans le respect des normes. Ces normes imposées qui sont un poids pour les agriculteurs. Il en faut, bien sûr pour qu’il y ait un suivi, une traçabilité, mais certaines sont assez déconnectées de la réalité du terrain.

On  ne sait pas ce que sera l’agriculture demain. Il y aura peut-être de nouvelles productions, plus de diversité. Le système actuel pousse, depuis quelques décennies, au productivisme. Beaucoup ont été pris dans ce système mais ce n’était pas forcément leur choix. Aujourd’hui on se rend compte que ce n’est pas si bien que ça.

Les politiques annoncent des mesures mais en fait il n’y a pas vraiment de volonté de s’en sortir, notamment sur les questions environnementales. Moi j’ai fait le choix du BIO, ça me paraissait logique, et même si mon système n’est pas à 100% vertueux je fais du mieux possible. Il y a des points qui pourraient être améliorés mais sans volonté politique, c’est compliqué.

On le voit avec la nouvelle PAC qui se dit plus respectueuse pour l’environnement. On nous demande de nous engager dans des systèmes qui comportent des points complètement aberrant.  Ils nous imposent des choses depuis leurs bureaux de Bruxelles sans que ce ne soit connecté à la réalité et à l’environnement de chacun. Par exemple, des dates sont imposées pour réaliser certaines opérations mais tout ça ne tient pas compte des différences, notamment de climat, entre un agriculteur  dans la Beauce et un autre à la pointe du Finistère.

C’est ça qui est lourd pour les paysans, je pense, toutes ces lois qui tombent et qui ne sont pas forcément lié au terrain à chaque fois. 

Les changements climatiques me font réfléchir à de nouvelles pratiques et à ce que je pourrai faire de mieux. Malheureusement, il y a la limite financière et au final, je fais avec ce que j’ai de disponible sous la main.

A l’avenir j’aimerai replanter des arbres, voir refaire des talus pour protéger les cultures et même les bâtiments ou la maison.

En ce qui concerne les revenus, je savais dès le départ que je ne pourrai pas me dégager un salaire tout de suite. Le fait d’avoir un conjoint qui exerce une activité à l’extérieur, c’est important.

Lors de mon installation, je me suis associé à mon beau-père Yves. Cela m’a permis de profiter de son expérience. Nous avons ensemble consacré beaucoup de temps à la réflexion puis à la mise en place de mon projet. Cela a aussi permis à Yves d’aller jusqu’à sa retraite en pratiquant une nouvelle expérience avec les cultures en BIO. Encore aujourd’hui, je fais appel à ses conseils ou à son aide régulièrement. Mes parents, eux aussi retraités, me fournissent également une grande aide pour certains travaux.

Depuis le départ en retraite d’Yves, je suis seul exploitant sur la ferme. 

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