
J’ai 57 ans (né le 05/06/1966) et exploite la ferme de Kermélen en
Briec.
Je me suis marié avec Nelly en 1992 et habite à Edern d’abord en
location, puis nous avons construit une maison dans un lotissement.
J’ai fait ma scolarité au Likès puis au Nivot. Je n’ai pas souhaité poursuivre en cycle supérieur.
Je me suis installé en 1989 en
GAEC avec mon père. J’ai souhaité rester à la ferme, je ne me voyais pas faire
autre chose de toute façon.
Difficile de prendre la succession, mais c’était mon projet. Si mon
frère avait voulu s’installer (il a fait les mêmes études au Nivot) ça aurait
pu être différent.
L’exploitation était à l’origine en polyculture – élevage :
cochons – bovins.
Il y avait 40 truies et des bovins à viande. Mon père avait arrêté les
laitières en 1970 pour démarrer un élevage de cochons.
A l’origine 30 ha, aujourd’hui 55 ha, exploitation à taille humaine.
Je l’ai orientée, dès le départ en retraite de mon père (1995-1996),
vers une spécialisation en cochons. Il y a actuellement 80 truies et la suite
en engraissement.
Je suis resté en petite structure (à l’époque il y avait déjà d’autres
qui s’était lancé avec 300 ou 400 truies).
Je travaille seul (j’ai eu une salariée à mi-temps en 1998 – 2000). Aujourd’hui, pas de patron, pas de salarié, ça me convient.
La vente d’une ferme propriété du grand père a permis d’indemniser
frère et sœur. J’ai donc hérité de cette ferme, je n’ai pas eu à débourser.
J’ai un tracteur, un pulvérisateur, un déchaumeur, c’est tout. Le
reste c’est l’entreprise.
J’ai des bâtiments que j’entretiens, mais je ne les modernise pas dans
le but d’augmenter la valeur de l’exploitation.
Le nombre de porcs est adapté aux bâtiments. L’élevage c’est ma
priorité. Je m’y spécialise et je m’améliore.
Pas de droit à l’erreur, encore que, avec notre taille d’élevage on
supporte mieux les mauvais cours, mais dans les bons moments on gagne moins
aussi.
La mise aux normes n’a pas posé de problème. Au niveau du
bien-être animal, je m’adapte. J’ai ajusté le nombre de porcs aux bâtiments
Le poids moyen a augmenté par augmentation de la productivité. Pour un temps identique le poids a augmenté par une amélioration de l’alimentation. De 84 kg en moyenne, on est passé à 100 kg (soit 125 kg vif). C’est énorme, mais c’était la seule façon d’améliorer la rentabilité.
Je suis adhérent de la Cooperl depuis 2009 (au départ Sica bien sûr, puis Celtavel) : filière complète.
Je cultive pour la production : tout pour le cochon (25 ha en maïs, 20 ha en blé et orge), plus 7 ha en colza (culture pour vendre). On respecte les obligations car avec ces cultures on utilise forcément les produits phytopharmaceutiques.
A l’avenir beaucoup de changements, les nouveaux matériels évoluent et
vont dans le sens des économies.
Le lisier est un engrais complet, s’il est bien utilisé, il remplace les engrais chimiques. Les outils aujourd’hui permettent d’enfouir. Les associations ou gens qui râlent contre les odeurs ne savent pas que le lisier est moins nocif mais plus visible. Il permet de limiter les engrais chimiques.
J’ai remboursé la construction de ma maison en 15 ans.
Les investissements sur la ferme n’ont pas été trop importants.
Avoir 20 000 € de remboursement par an ce n’était pas trop difficile. Je n’ai pas eu de stress financier. Nelly travaillant à l’extérieur, c’était aussi une garantie de salaire et de revenus.
Pour l’exploitation, à deux ce n’était pas possible. Il n’y avait pas
de boulot pour deux, je fais tout tout seul, ou alors il faudrait agrandir, investir…
Ce n’était pas mon choix.
Il y a beaucoup de travail, beaucoup de temps sur l’élevage, beaucoup d’entretien sur les bâtiments et sur le parcellaire (talus, bois…) J’aime ce que je fais mais ça peut être dur parfois ! Ça n’arrête jamais ! Même s’il y a de la souplesse aussi, après tout, je fais ce que je veux !
Les loisirs : c’est pratiquement ici, c’est mon
terrain de jeu.
J’ai une passion, c’est la musique : sortie concert avec un
cercle d’amis ou salon du disque.
Je ne fais plus de sport. J’ai fait du foot, puis j’ai été coach en hand pendant 6 ans. On était tous les deux dans des associations sportives pour les enfants.
Il n’y a plus de salariés en production porcine ce qui entraîne des difficultés pour les remplacements et en conséquence limite les loisirs. C’est compliqué de partir en vacances !
Il y avait de l’entraide dans le temps (foin, paille, maïs), quand il y avait du monde dans les fermes, mais c’était du petit matériel, petites remorques, ça s’est arrêté avec les rounds. Aujourd’hui l’entreprise vient avec ses grosses remorques. Et les petites fermes ont disparu.
Je n’ai pas d’engagement politique ni syndical.
La retraite : on y pense, avec le problème de la transmission.
J’avais été faire des formations à la Chambre d’agriculture. C’était
intéressant.
J’ai arrêté de penser à ça.
J’arrêterai progressivement. Quand Nelly s’arrêtera, je supprimerai
les porcs pour ne garder que les cultures, quelques temps.
La transmission c’est difficile : 30 ha, peut convenir à un bio.
Mais le porc bio c’est compliqué. Les bâtiments ici ne valent pas grand-chose.
Un repreneur devra investir.
Je vendrai tout, terrain et bâtiment.
Comme je vis à l’extérieur, ce sera plus simple. J’irai donner des coups de main à des voisins, ou travailler chez ma fille ou le jardin et puis des voyages. On verra plus tard.
Je pense avoir été un bon éleveur.
Mon père disait celui-là c’est un bon paysan. C’était un compliment.
Je pense être un bon paysan. Dans paysan il y a pays. C’est notre
pays.
Destruction de l’environnement. On accuse les paysans. Le remembrement a beaucoup détruit. Moi, je n’ai rien révolutionné. Je n’ai pas détruit de talus, mais mon exploitation n’est pas l’exploitation du futur. C’est l’exploitation des années 80 que j’ai un peu modernisée.
Vision sur l’agriculture du futur.
Dans la presse RSE, on ira vers l’autonomie énergétique, la décarbonation.
L’exploitation comme ici il n’y en aura plus.
Soit plus grande (industrialisée) ou spécialisation, mais ce sera un
marché de niches (vergers, fromage).
On est une génération qui va disparaître. Je ne pense pas que la
douzaine des copains du Nivot ont des enfants pour prendre la suite.
L’élevage disparaît (laitiers, cochons, volailles), c’est trop prenant
et il n’y a pas eu de revenus pendant longtemps, un travail de sape aussi,
dénigrée, pas de revenus, pas de loisirs, les jeunes ne veulent pas non plus
sacrifier leur week-end.
On veut bien faire la culture (blé, maïs, colza ..) pour la vente, c’est moins prenant.
L’industrie a des soucis à se faire. Les laiteries, les abattoirs vont
manquer de matière.
Les cultures nouvelles lin, chanvre, blé noir : Peu de rendement,
revenus peu garantis et nécessite des filières à créer.
Un grand point d’interrogation sur l’avenir!
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