La Jumenterie - Olivier Briand et Laura Salaün - Pénity

 


Laura SALAUN. Je suis née le 18 juin 1987 à Quimper. Je suis installée avec Olivier depuis le 1ᵉʳ janvier 2018 en production de lait de jument à Pénity. 
J’ai un bac littéraire à l’origine, obtenu au Lycée de Cornouaille en 2005.
Après j'ai fait un peu de fac d’histoire, pas jusqu'à avoir un diplôme. Je suis allée assez vite dans le milieu du travail. J’ai travaillé à Elis Localinge puis à Génération Complémentaire Santé. C'était en 2009.

Olivier BRIAND J’ai 37 ans. Je suis né le 5 janvier 1987. Nous avons deux enfants. Je me suis donc installé avec Laura sur la ferme en 2018 en tant que producteur de lait de jument. La ferme était à mes parents installés en production de vaches laitières.
J’ai été à l'école de Pénity. Ah oui, c'est important ça.
Un des derniers ? Non, elle a fermé quand Lilo notre fille devait y aller. Elle avait deux ans, c’était donc en 2014 ou 2015.
J’ai été ensuite au collège Saint-Pierre, puis au Likès à Quimper où j’ai obtenu un bac STI électronique en 2004. J'ai aussi passé un BTS électronique deux ans plus tard, un peu par dépit, ça ne m'intéressait pas forcément plus que ça. Mais bon. Faut faire quelque chose. Je n’ai jamais travaillé dans ce domaine.
J'ai arrêté les études après le BTS. J'ai fait un peu d'intérim, puis, j’ai rencontré quelqu'un qui voulait être ambulancier. J’ai repris l’idée et j’ai fait une formation d’ambulancier à Brest. J’y ai fait dix ans.
On s’est mis ensemble avec Laura en 2009. Chacun dans son boulot.
 
On n’est pas mariés, peut être un jour. Pour l'instant, non. Même pas pacsés.
Mais, on a deux enfants, deux filles qui s'appellent Lilo pour la grande, née le 12 octobre 2012 et la plus petite Swan, née le 21 avril 2015.
En fait, pour la deuxième, on n'était pas d'accord sur le prénom. On était d'accord sur un prénom de garçon : Swan. Quand on nous a dit que c'était une fille, on l’a gardé.
On est installé en EARL.
 
L’exploitation
 
Mon père, André Briand, est né le 8 juin 1956
Ma mère, Maryvonne Briand, née Patérour, est née le 7 août 1957.
 
Quand mes parents ont commencé à parler de retraite, nous, on n’avait pas trop envie de changer nos boulots respectifs. Puis, on s'est dit pourquoi pas ? On habitait déjà à côté et ce serait dommage que les bâtiments ne servent plus, que les terres partent peut-être avec quelqu'un d’autre. Mais ça ne nous plaisait pas plus que ça les vaches laitières.
J’étais ambulancier et n’avait pas l’intention de m’installer avec les parents, mais mes parents prenant leur retraite et n’ayant pas de frères et sœurs, soit on prenait la ferme, soit elle était reprise par des voisins. Mais mes parents n'auraient pas vendu la ferme, ils ne seraient pas partis d’ici.
 
On a donc décidé de faire une formation agricole tous les deux, neuf mois entre 2016 et 2017, c’est obligatoire pour s'installer de toute façon, si tu veux des aides. Et c'est un peu plus crédible au niveau des banques. Pour le statut de jeune agriculteur, il faut avoir un diplôme agricole. On a obtenu le brevet professionnel de responsable d’exploitation, spécialité laitière en juillet 2017.
 
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de changer de production ?
Mes parents avaient une soixantaine d’hectares et 70 vaches laitières.
Mais il fallait moderniser et ça ne nous plaisait pas trop d’investir là-dedans. Et puis, la conjoncture en lait n’était pas très bonne non plus.
Mes parents nous ont dit : « Faites quelque chose qui vous plait ». Il y avait donc un choix à faire.
A la naissance de notre deuxième enfant, on s’est dit pourquoi pas reprendre la ferme, c’était un projet de vie aussi. Il y avait déjà un outil de production et on a commencé à réfléchir. On a envisagé les chèvres, la plantation du thé aussi.
C'est en voyant un reportage sur la production de lait de jument qu’on s’est dit pourquoi pas ?
On a cherché un petit peu et finalement en y réfléchissant, on s'est dit que nous aussi on avait un cheval régional considéré comme menacé, ça pourrait être intéressant. Notre volonté était double : d’abord, faire connaître les qualités du lait de jument et, grâce à cela, participer à la sauvegarde du cheval de Trait Breton.
On ne connaissait pas du tout.
On doit être une vingtaine en France, et les seuls en Bretagne.
Il faut le faire, pour se lancer là dedans. C'est toute une découverte.
On a fait des visites.
 
Formations
 
Ça n’existe pas. Et les gens qui le font, ont tendance à garder leur savoir-faire.
On ne peut pas aller en stage chez eux. Ils ne partagent pas.
Aujourd’hui, on le comprend parce que c'est quand même un marché de niche. On fonctionne tous en circuit court. Donc, si quelqu'un s'installe à faire la même chose que nous à côté, c’est une concurrence.
Et puis il y a des personnes qui le font bien, mais si elles le font mal, elles vont aussi pénaliser notre image.
 
Comment ont réagi les parents ?
Ils ont rigolé, traire des juments, ils ne comprenaient pas.
Les grands-parents ont eu des chevaux, il y a longtemps, mais pas eux.
Pour les convaincre, on les a emmenés voir un élevage dans les Côtes-d’Armor, des retraités d’un certain âge pour leur montrer que ça existait. Et puis au final, en revenant, ils ont été très emballés.
 
Vous avez démarré avec un cheptel de combien ?
Dix, tout de suite. C’était impressionnant et on n’était pas du tout habitués, on ne savait pas les manipuler.
C’était le bain direct sans stages de formation, il faut apprendre sur le terrain, ça ne ressemble pas aux vaches laitières. Même le fait de faire les cultures sur place, l’herbe, les céréales et tout ça.
 
Vous aviez fait tous les deux la formation en même temps ?
Oui, c’était la première fois que la directrice voyait un couple en formation. On avait fait une demande de Congé individuel de formation et ça a été accordé pour tous les deux en même temps.
On a donc quitté notre travail pendant neuf mois, le temps de faire la formation et on est revenu pendant deux mois avant de prendre la ferme, nous installer quoi .
Après neuf mois de formation, ça faisait bizarre de revenir dans le concret.
 
Le projet
 
On s'était dit tout de suite « ça c'est quelque chose où on pourra faire venir les gens, où on pourra faire découvrir ». Et puis la ferme Ici, on a un gros avantage, c'est qu'elle est quand même visible. Et elle est près de Quimper et de la voie express.
Pour la com, c'était plus intéressant.
Le bâtiment existait déjà. Il date de mon grand père.
Tout était déjà là. Mais il a fallu tout détruire et reconstruire pour s’adapter aux chevaux, à l’intérieur des bâtiments. On a juste construit à neuf la partie laboratoire.
 
Les chevaux sont de la race « cheval de trait breton ». La race locale - le double bidet - a été croisée avec du Norfolk et c’est devenu le cheval de trait breton qui regroupe le trait breton et le postier breton.
Nous avons un étalon qui est aussi un trait breton. On le loue à l'association qui s'occupe de la préservation de la race, avant c’était les Haras de Lamballe.
Il est changé tous les trois ans pour éviter la consanguinité.
On garde quelques femelles entre deux et quatre par an, les mâles sont vendus.
 
Actuellement nous avons 12 juments.
On attend encore sept poulains.
Ils ont tous un nom. En fonction de l'année. On est obligé de suivre la lettre de l'année.
Cette année, c’est O. On essaie de donner des noms bretons.
Nos filles sont bilingues, donc elles nous aident beaucoup pour trouver les noms.
 
Vous travaillez seuls. Oui, pas de frères ni de sœurs.
Nous avons commencé avec une quarantaine d’ha. Nous en avons 55 actuellement.
Quasiment tout est en herbe, soit pour pâturer, soit pour faucher, faire du foin, de l’enrubannage aussi. Jusqu'à présent, on avait trois hectares de céréales. On va en faire un peu plus, de l’orge surtout, ainsi qu’un peu de blé noir. Le blé noir ce sera pour vendre, on manque de blé noir en Bretagne.
La nourriture pour les chevaux est totalement faite ici.
Et tout est en bio.
 
Mes parents avaient fait la conversion pendant qu’on était en formation. Ils n’étaient pas du tout dans cette démarche auparavant, ils l’ont fait pour nous. Du coup, quand il a fallu faire du maïs bio à la bineuse, ils l’ont fait. Ce n’était pas une partie de plaisir pour eux et le maïs n’a jamais été aussi dégueulasse, ils avaient honte, ils avaient honte !
On avait déjà pris les chevaux en 2016. Ils n’étaient pas habitués à ce type d’animal, ce n’est pas pareil que des vaches, et ils avaient peur qu’ils s’en aillent, ça les stressait. Et nous, on n’était pas là, on était en formation.
 
On produit donc du lait de jument cru. Tout est transformé dans notre laboratoire.
Ça ne représente pas des quantités énormes, environ deux litres par jument, traite en une seule fois le matin pendant 3 ou 4 mois.
Pour pouvoir les traire, il faut avoir le poulain à côté. Oui, tout le temps,
Les petits ne sont jamais séparés de la jument. La jument, si elle perd son petit à la naissance ou s'ils sont séparés pour une raison X ou Y, elle va arrêter de produire du lait. Elle produit du lait uniquement pour son poulain.
Là, on va commencer au début de l'été. Mi juin, ou fin juin, on va les rentrer. Le matin, on va rentrer le troupeau vers 7 h. On va placer les juments et les poulains à leur place. Chacune a sa place attitrée avec son petit poulain à côté. On va les laisser là pendant 2 h 30 et je vais venir traire à 9 h et demie. Pourquoi ce laps de temps ? Parce qu'en fait, quand on les rentre le matin, potentiellement le petit, il vient juste de boire, il n'y a plus de lait. Donc l'idée en fait, c'est de la laisser continuer à produire son lait, le petit à côté, mais il ne peut pas téter, il est attaché. Du coup, moi quand je viens, c'est plein. Après, c’est à elles de me donner ou pas. C’est au bon vouloir de chacune. Donc, elle va me donner à peu près deux litres. Ça représente à peu près 10 % de ce qu'elle produit par jour.
 
Le reste c'est pour le poulain donc. Il tète en tout entre six et huit mois.
Ils vont être sevrés tous en même temps, le même jour, celui qui est né le 1ᵉʳ mars ou celui qui est né le 30 avril. Ils vont être tous sevrés début novembre. Mais on aura déjà arrêté la traite depuis un moment.
 
Il faut les apprivoiser. Parfois, elles ne donnent que la deuxième année. On sait aussi que ce sont des animaux, leur intérêt c'est de manger. Donc quand on les rentre, elles ont toutes une pelletée de céréales et quand je viens traire, si elles donnent le lait, elle a droit à une autre. On trait six jours, pas le dimanche.
Ce n’est en aucun cas une obligation de faire la traite puisqu'il y a toujours le poulain avec.
S’il y a une coupure de courant, on ne peut pas traire. Ce n'est pas un problème pour la mamelle contrairement aux vaches. Ici, il n'y aura pas de mammite.
C'est pour ça aussi qu'on va gérer notre période de traite. C'est à dire qu'en début de saison, on va évaluer combien on a besoin de litres pour pouvoir tenir toute l’année, jusqu'à la saison d'après. Et si on voit que fin septembre, on a atteint nos objectifs, on arrête. Si on voit qu'il manque un peu, on va continuer une semaine ou deux.
 
Donc là, on va commencer la traite quand tous les poulains auront atteint 2 mois.
L'idée justement, c'est que comme ils vont rester en salle de traite pendant 2 h et demie à côté de leur mère, c'est qu'ils soient déjà en fait aptes à manger le foin ou l’enrubanné qui sera devant eux.
Les poulains apprennent avec leur mère à avancer, reculer, … c'est un bon apprentissage. Après, quand on a besoin de les vendre, c'est vrai que les gens apprécient qu'ils aient appris tout ça.
 
On ne vend pas pour la boucherie, non, c'est pour l’élevage et l’utilisation, beaucoup en traction animale ou du débardage et pour le loisir. L'année dernière, il y a un maraîcher qui est venu nous en prendre deux parce que lui, il travaille avec des chevaux. Il y a de la demande, de plus en plus.
 
La production
 
C’est entre 1500 et 2000 litres par an, mais ça dépend des années. On est en augmentation au fur et à mesure mais ça dépend aussi de combien on a besoin et puis du groupe qu'on a aussi.
 
La traite, c’est de mi-juin à fin septembre, ça ne va être que sur trois à quatre mois.
 
C'est à partir de ça que l’on fait, soit le lait, soit les produits cosmétiques. Tout est fabriqué sur place. Avant, on avait une petite partie qu'on sous-traitait avec un laboratoire du nord Finistère mais depuis le début de l'année, là tout est fait sur place.
Mais tout n’est pas transformé tout de suite. Non, en fait, pendant la période de traite, on va stocker le lait, soit en chambre froide soit en poudre pour pouvoir après l'utiliser toute l’année. C'est un avantage d’avoir la machine pour le mettre en poudre.
On le vend en poudre, en gélules et on le vend en surgelé aussi.
Les gens consomment ça en complément alimentaire, ils le consomment sous forme de cure revitalisante.
Pour ça, il a fallu avoir une autorisation, un label ou plutôt un agrément sanitaire européen, contrôlé donc par la DDPP.
 
En chambre froide, ça peut rester deux ans.
En fait, il passe d'abord par un surgélateur, ça permet de descendre très rapidement la température et même à cœur, il descend à moins 25° en 2 h et du coup ça le conserve.
Le fait que ce soit surgelé, vous pouvez l'utiliser après tout le reste de l'année.
Et en poudre, c'est pareil. C'est deux ans aussi au moins.
Ça oblige à avoir du matériel et un investissement assez important.
Au début. C'est beaucoup d'investissement.
 
On sous-traite les travaux des champs.
Pour les travaux de fenaison, l’entreprise coupe, moi je fane et j’andaine, puis l’entreprise vient botteler.
 
La nouvelle loi permanente.
 
On ne refait pas les pâtures.
On a donc été obligé de demander une dérogation. Sinon, ça ne passait pas.
Bon après, j'ai cru entendre que ça allait changer, mais pour l'instant ça passe jusqu'en 2026, mais à un moment donné, ça va bloquer la rotation. Il n'y a plus de possibilité avec la loi.
Pourtant on a complètement tout ce qu’on a besoin pour tes animaux. C’est nous qui savons le mieux ce qu'il faut faire.
 
On en a de l'herbe. On a quand même 75 % de la surface qui est en herbe. C'est quand même énorme. C'est même plus avec les prairies. Cette loi, c’est une décision qui a été prise dans un bureau à la va vite.
 
Les terres sont regroupées ici, autour de de la ferme, quasiment tout.
C'est plus facile. La plupart des terres sont de ce côté ci de la route, Il y a treize hectares de l'autre côté.
 
Pour traverser, on prend la meneuse. En général, tout le monde suit. C'est arrivé des fois que en courant - en cinq secondes - tout le troupeau traverse, mais en général, on essaie de les faire traverser quand il n'y a pas trop de circulation.
On fait en sorte de ne pas les faire traverser tous les jours. C'est à dire qu’on y met le troupeau des jeunes, il va rester là bas. Le troupeau laitier ne va jamais l'autre côté,
 
La culture des champs, c'est moi.
La traite, c’est Laura et moi je suis au labo après pour la surgélation ou le mettre en poudre pour la moitié, enfin peut être pas la moitié. Ensuite Laura va faire tous les cosmétiques. Puis après le travail de bureau.
Il y a toute une partie du temps qui est en labo quand même ici.
 
La commercialisation, c'est en local.
 
Oui, dans notre boutique à la ferme. Après on a différents magasins qui proposent nos produits aussi. Ça peut être des magasins bio, des épiceries, des magasins de producteurs aussi. Et puis la vente par internet.
Mais ça dépend des périodes. Par exemple, quand on fait des visites en été c'est la boutique qui fonctionne.
Mais il y a des périodes plus creuses. Quand il pleut les gens ne vont pas forcément s'arrêter, mais on va vendre par contre, pas mal par internet. Ce n’est pas forcément local parce que par internet du coup ça part, en France et hors de France.
L’étranger, c’est plutôt occasionnel. Pour la France, c'est toute la France. Mais, c'est plus France que Bretagne quand même.
Au début, on avait fait les décors, les produits et tout ça très breton. Mais au final, quand on les a refaits, on les a un peu moins faits breton parce qu'on voit que ça se vend aussi ailleurs.  Mais le nom reste breton. Le nom de la marque de cosmétiques qu'on a, c'est Dimezell : demoiselle.
En lait, il va y avoir le lait surgelé, lyophilisé et le lait en gélules.
Au niveau cosmétique, on va avoir des savons, des shampooings.
Le lait en gélules, c’est en compléments alimentaires. Au début on ne les proposait pas, ce sont les gens qui nous en demandent.
Et c'est du lait naturel, il n'y a aucun ajout, aucun retrait et il est certifié cru.
Quand on fait des visites, on fait toujours goûter le lait à la fin. Ils s'attendent à quelque chose de très fort, très. Et en fait non, pas du tout.
 Au niveau de la production pure du lait, on ne pourra pas faire mieux. On a trouvé notre protocole pour la traite. Donc ça, ça ne changera pas. Par contre, pour les produits cosmétiques, il y a des évolutions. C'est ouvert.
On a aussi les baumes par exemple. On ne les proposait pas avant, On en propose aussi maintenant. Enfin, j'ai d'autres idées.
 
 
Au début, il y a eu les investissements. Oui, ça s'est passé sans difficulté.
La personne de la banque nous a demandé « Est ce que vous êtes des passionnés de chevaux ? ».
Elle avait peur qu’on ne cherche pas la rentabilité. Que ce soit seulement un loisir.
La rentabilité, c'est ça. C'est sûr, il en faut un minimum.
Et en plus on partait en circuit court et uniquement en circuit court. Du coup, on partait de zéro quand même. Donc c'est différent. Quelqu'un qui va s'installer en vache laitière, la laiterie va venir chercher son lait et puis un mois après il y aura le chèque. Pour nous, c’est assez long au final. Oui.
C'est un produit à forte valeur ajoutée. Il y a quand même pas mal de boulot derrière aussi.
Mais, comme ce n’est pas un produit connu par les gens, il faut créer la découverte.
C'est vrai que ce sont des produits de qualité, mais le tout c'est de faire que les gens essayent au moins une fois.
 
On travaille tous les deux. Pas de salariés ni de stagiaires.
Quand on s'est installé, comme on le disait, c'était avant tout un projet de vie de famille. C'était aussi pour que les enfants aient la chance de grandir dans une ferme. Donc, ils ont leur place aussi, même si elles ne sont pas passionnées. Mais si tu leur demandes ce qu'elles veulent faire. Elles vont te dire agricultrices.
 
Pour les vacances, c'est compliqué, pour trouver quelqu'un pour nous remplacer. Nous n’avons pas de salarié et pas d’entraide. Il n'y en a pas besoin puisque nous fonctionnons totalement en interne.
Ma mère donne quand même un petit coup de main. De toute façon, elle en a l’envie, elle est demandeuse. Et puis oui, ça nous fait plaisir aussi qu'elle donne un coup de main.
On avait pris trois jours de vacances en 2022. Ça ne peut être que quelques jours à chaque fois. Mais c'est comme ça.
On laisse les chevaux et on espère que ça va bien se passer quand on part.
La dernière fois, c’était l'été, donc ils étaient dehors. Il y avait juste de la surveillance.
 
Les loisirs, c’est un restaurant de temps en temps.
Les sorties avec des amis, parfois c’est compliqué. On a des collègues qui ne sont pas agriculteurs, Ils n'ont pas les mêmes horaires. On essaie de les voir autant que cela nous est possible.
Les loisirs pour nous, c'est aussi à travers les enfants, c'est aller les voir dans leurs loisirs à eux.
Pour l’avenir de la ferme, il pourrait y avoir un développement de la production. Mais après il faut aussi que tout suive. La commercialisation et tous les moyens en laboratoire aussi.
Pour l’instant, avec notre effectif, ça va, on est presque à bloc.
Les petits poulains sont jour et nuit dehors, parce que c’est la belle saison et qu’il y a de l’herbe à manger.
On peut augmenter la production laitière sans augmenter le troupeau. On pourrait faire deux traites par jour et faire davantage de produit, mais après chaque séance de traite, il y a aussi une séance de labo à chaque fois. On l’avait fait la première année, quand la saison de traite était courte, car on avait eu tous les travaux de réaménagement, on n'avait pas eu une saison de traite complète. Sinon, tu passes ta journée à traire et au labo, tu ne fais plus rien à côté.
 
L'avenir général de l'agriculture.
 
En conventionnel, une partie sera en grosse ferme de toute façon. Oui, il en faut pour tous. On ne peut pas dire, tout le monde va être bio, tout le monde va être gros ou tout le monde va être petit. Non, je pense qu'il faut un peu de tout sur le territoire, mais il faut que tout le monde puisse en vivre quoi. Il y en a qui sont faits pour avoir des grosses exploitations pour gérer 50 vaches, et en vivre très bien. Et il y en a qui sont faits pour avoir une petite dizaine de vaches, faire leurs fromages … Mais il faudrait qu'il y ait des consommateurs pour toutes les productions.
Après, il faut adapter à la fois la vente et la production.
C'est la demande du client qui fait tout. On a un peu créé une demande particulière quand même, puisque ça existait peu.
Les premiers en France, c'était dans les années 90. Ce n’est pas si vieux que ça en France. C'est plus réputé dans les pays de l'Est. Oui, en Mongolie, je crois, mais là, c'est vraiment très traditionnel.
En fait, les propriétés dermatologiques du lait de jument, ce sont les mêmes que celles du lait d’ânesse. Nous on travaille avec des chevaux bretons, donc on a choisi ça, mais c'est un peu similaire. Les deux laits se ressemblent.
 
Pour en revenir à la question importante : que va vouloir le consommateur demain ? C'est surtout ça. Parce que s'il veut manger français, et que le produit est juste marqué France dessus et que c'est fait en dehors de l’Europe, c’est compliqué. Et puis maintenant, au delà du rapport à la nourriture, etc, c'est le rapport à l'animal qui a changé. C'est à dire que maintenant l'animal, la mort, c’est en question ; il y aura de plus en plus de végétariens peut être.
C’est pour ça aussi qu'on fait des visites, pour faire que les gens découvrent les animaux.
Les gens ont perdu tout lien avec le monde agricole. Beaucoup ont un regard qui ne correspond pas à la réalité.
Parce qu’ils sont déconnectés et pour eux avoir des animaux, c'est de l'exploitation, donc c'est mal.
Mais même la mort de l'animal, ça fait partie d'un cycle, c'est normal.

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